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Préférons-nous interagir avec les personnes qui nous ressemblent?
Cette question est primordiale dans nos sociétés actuelles qui se diversifient de plus en plus culturellement.
Dans le but de se protéger mentalement et émotionnellement, lorsque nous n’apprécions pas les membres d’un groupe, nous allons également les percevoir comme étant très différents de nous et inversement (Heider, 1958).
De nombreux facteurs sont pris en compte dans l’étude des interactions entre groupes de cultures différents. Tout d’abord, un des antécédents à ces interactions est la perception de similarité : si la personne de culture différente est perçue comme étant similaire à soi, il sera plus facile d’avoir une interaction réussie avec elle.
Les différences que nous pouvons relever entre nous et un autre groupe ethnique sont englobées dans ce qu’on appelle la distance culturelle. La distance culturelle peut être définie comme étant le degré de similarité ou de différence perçu entre sa propre culture et une autre culture. Plus celle-ci est élevée, plus les différences perçues entre les membres de ces deux cultures seront élevées (Brewer & Campbell, 1976).
La mesure de la distance culturelle se fait sur six critères (Triandis, 1992) : la langue parlée, la religion, la conception du mariage (endogamie, monogamie, polygamie, polyandrie), la conception de la famille (nucléaire : parents et enfants ou élargie : plusieurs générations vivant ensemble), les valeurs culturelles et le niveau économique.
Ces six critères sont utilisés lorsque l’individu juge de la proximité perçue entre sa culture et une autre.
Il est important de savoir que ce degré perçu est totalement subjectif et qu’une personne peut percevoir une autre culture comme étant très différente de la sienne alors qu’elles sont proches et inversement (Triandis, 1997; Triandis, 2001). Cette notion de subjectivité est importance car la distance culturelle perçue est un facteur influençant les interactions entre les groupes . Si je perçois un individu comme étant très différent de moi et que la distance culturelle entre nos deux cultures est très élevée cela va impacter négativement mon envie d’interagir avec la personne.
Le jugement subjectif est notamment visible dans une étude faite en France, montrant que parfois même si deux cultures sont objectivement considérées comme très différentes, la distance culturelle perçue et les préjugés ne sont pas élevés (Mahfud et al., 2016). Par exemple, la distance culturelle perçue et les préjugés envers les Maghrébins sont élevés alors que pour les Asiatiques ils sont bas, cela pose donc la question de la visibilité et la perception négative des Maghrébins diffusées largement en Europe actuellement (Mahfud et al., 2016).
En plus de la subjectivité des perceptions, ce qui intervient également dans les interactions entre les différents groupes : c’est le contexte. Chacun de nous fait parti de différents groupes tout au long de sa vie, certaines appartenances à des groupes ne changent pas (groupes de genre, groupes d’appartenance ethnique…) et d’autres changent avec le temps (groupes de statuts professionnelles, groupes d’âge…). En psychologie sociale, des chercheurs ont démontré que si on sépare des individus ne se connaissant pas en deux groupes différents sur des critères arbitraires. Cette situation complètement fictive va quand même créer une compétition et de la discrimination entre les deux groupes (Tajfel & Turner, 1979; 1986). Cela nous montre qu’en plus d’une subjectivité concernant la perception des autres groupes, le simple fait de se retrouver en contexte de séparation en groupe, provoque un besoin de trouver des différences.
Les conséquences d’une perception élevée de la distance culturelle entre deux cultures sont nombreuses. Tout d’abord cela peut altérer l’adaptation au pays d’accueil (Babiker, Cox, & Miller, 1980), cela peut paraître comme n’étant pas grave mais des difficultés d’adaptations dues à une distance culturelle élevée peut aller jusqu’à causer une hausse du taux de suicides dans une nouvelle culture (Furnham & Bochner, 1986). De plus, on a tendance à ressentir plus de préjugés envers un groupe que l’on considère comme étant différent de nous, cela pouvant mener jusque vers de la discrimination (Heider, 1958; Badea, 2012; Mahfud et al., 2016). Pour finir, une des conséquences mises en avant avec le fait de percevoir une distance culturelle élevée entre deux groupes culturels va impacter négativement les interactions entres les membres de ces deux groupes (Goto & Chan, 2005). Cet impact est perçu comme néfaste car se sont les interactions intergroupes qui vont permettre une réduction des préjugés (Allport, 1954) et donc une possibilité de vivre-ensemble.
Concernant l’aspect subjectif de la perception des différences, notamment la hausse des préjugés et de la discrimination envers les Arabes et Musulmans présents en Europe, ces mécanismes viennent de la peur due aux différentes attaques terroristes des dernières années (Abbas, 2007). Pour pouvoir pallier les impacts de cette distance culturelle et cette peur de l’inconnu dans une société diversifiée, une alternative pouvant être mise en place est la connaissance de l’autre culture. Si on regarde les travaux sur les préjugés et la discrimination, les facteurs favorisant ces mécanismes sont souvent les effets de l’ignorance.
Une des façons de remédier à la perception des différences est donc la familiarisation avec la culture d’un autre individu (Stephan & Stephan, 1984). Cette connaissance et cette familiarisation pourront également mener à des contacts intergroupes réussis, c’est ce contact réussi entre deux membres de groupes culturels différents qui diminuera la discrimination et la peur ressentie envers autrui-inconnu (Allport, 1954).
Références bibliographiques :
Abbas, T. (2007). Muslim Minorities in Britain: Integration, Multiculturalism and Radicalism in the Post-7/7 Period. Journal of Intercultural Studies, 28(3), 287-300. doi:10.1080/07256860701429717
Allport, G. W. (1954). The nature of prejudice. Reading, MA: Addison-Wesley.
Brewer, M. B., & Campbell, D. T. (1976). Ethnocentrism and intergroup attitudes. New York: Sage.
Babiker, I. E., Cox, J. L., & Miller, P. M. (1980). The measurement of cultural distance and its relationship to medical consultations, symptomatology and examination performance of overseas students at Edinburgh University. Social Psychiatry, 15(3), 109-116. doi:10.1007/bf00578141
Badea, C. (2012). Modèles d'intégration, identification nationale et préjugés envers les immigrés en France. L'année psychologique, 112, 575-592. doi:10.4074/S0003503312004034
Brewer, M. B., & Campbell, D. T. (1976). Ethnocentrism and intergroup attitudes. New York: Sage.
Goto, S. G., & Chan, D. K. (2005). Becoming friends or remaining foes: An empirical test of a causal model of intergroup contact across two cultures. Internation Journal of Intercultural Relations, 29, 197-216. doi:10.1016/j.ijintrel.2005.05.003
Heider, F. (1958). The Psychology of interpersonal relations (pp. 322). Hillsdale, NJ: Lawrence Erlbaum Associates, Inc (Reprinted 1983).
Mahfud, Y., Badea, C., Guimond, S., Anier, N., & Ernst-Vintila, A. (2016). Distance culturelle, perception du multiculturalisme et préjugés envers les immigrés en France. L’Année psychologique, 116(02), 203-225. doi:10.4074/s000350331600035x
Tajfel, H. & Turner, J.C. (1979). An intégrative theory of intergroup conflict. In S. Worchel and W. Austin (Eds), The social psychology of intergroup relations (pp. 33-48). Pacific Grove, CA/Brooks/Cole.
Tajfel, H. & Turner, J.C. (1986). The social identity theory of intergroup behavior. In S. Worchel and W. Austin (EDS), Psychology of intergroup relations (2nd ed., pp.7-24). Chicago: Nelson-Hall.
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Triandis, H. (2001). Cross-cultural Psychology. International Encyclopedia of the Social & Behavioral Sciences, 2994-2999. doi:10.1016/b0-08-043076-7/01665-x
Triandis, H. C. (1992). Cross-Cultural Research in Social Psychology. Social Judgment and Intergroup Relations, 229-243. doi:10.1007/978-1-4612-2860-8_11
Triandis, H. C. (1997). Where is Culture in the Acculturation Model? Applied Psychology, 46(1), 55-58. doi:10.1080/026999497378520
Etudiante en Master 1 de Psychologie Sociale Appliquée à l'Université Paris Nanterre (10), j'ai réalisé un stage dans le cadre de mon master au CREPSI et au GERME sous tutorat de Mr Olivier Klein et Mme Fariha Ali.
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