Friday, December 16, 2016

Le Belge incompétent n’est pas moins apprécié que le Français compétent


Je ne sais pas vous, mais moi il m’arrive assez souvent de rencontrer des Français qui dès qu’ils apprennent ma relation avec le plat pays m’assomment de blagues sur les Belges.
« Tu connais celle du Belge qui donne du pain au canard WC ? », me demande mon interlocuteur.
« Oui, oui, je la connais… » dis-je en espérant de le dissuader de continuer sur cette voie-là, mais cela ne l’arrête pas car il y a toujours une nouvelle blague pour illustrer notre incompétence face aux Français. En effet, les Belges sont souvent représentés comme des personnes sympathiques mais infiniment incompétentes. Oui, je l’avoue : ce n’est pas toujours facile d’être belge !


Image tirée de : http://bit.ly/2h8Dmmk

Il n’est pas nouveau pour les psychologues sociaux que les groupes sociaux auxquels nous appartenons nous fournissent une identité sociale et que nous ayons besoin de maintenir une identité sociale positive pour assurer notre bien-être (Tajfel & Turner, 1979). Ainsi, afin d’évaluer notre groupe, nous effectuons une comparaison – dite sociale - avec d’autres groupes (Festinger, 1954), ce qui peut résulter en une comparaison positive ou négative. Dans le cas où la comparaison ne reflète pas une image positive, nous pourrions le quitter, si cela est possible (Tajfel & Turner, 1986) ; par exemple, nous pourrions changer de nationalité. C’est effectivement ce que certains fervents démocrates ont menacé de faire en demandant la nationalité canadienne si Trump gagnait les élections. Néanmoins, d’autres vous diraient de ne pas abandonner si vite le navire, et de choisir une autre option : celle de valoriser d’autres aspects du groupe pour regagner une image sociale positive (Tajfel & Turner, 1986). Par exemple, les Belges pourraient valoriser le savoir-faire dans l’art de la brasserie au lieu de se focaliser sur d’autres aspects où ils n’excellent pas. Ouf, tout d’un coup mon estime de soi reprend du poil de la bête, merci les amis trappistes ! D’autres encore (Leach, Ellemers & Barreto, 2007) vous diraient qu’il n’est pas nécessaire de chercher à exceller dans une compétence afin d’être évalué positivement car celle-ci n’est pas primordiale dans l’évaluation de soi et des groupes ! Wojciszke, Banzinska et Jaorski (1998) – qui faisaient peut-être partie d’un groupe considéré comme étant peu compétent, soutiennent cette idée et ont réalisé un bon nombre d’études qui illustrent que nous sommes plus intéressés par des informations relatives à la chaleur des gens qu’à leur compétence lorsqu’on les évalue. « Ben oui – diraient Fiske, Cuddy et Glick (2007) – c’est logique : pour une raison de survie, nous sommes plus intéressés à savoir si on peut avoir confiance dans nos voisins que de savoir s’ils sont compétents ! ». Aaaaah, donc si on se base sur le stéréotype selon lequel les Belges sont plus sympathiques que les Français, notre honneur est sauf. « Pas si vite ! - répondraient Brambilla, Rusconi, Sacchi et Cherubini (2011) s’ils étaient là – la plupart des études étudiant la chaleur des groupes comprennent des notions de moralité alors qu’il faudrait distinguer ces deux dimensions ! » Cet argument est soutenu aussi par Leach, et al. (2007) qui critiquent le fait qu’un grand nombre d’études voulant évaluer les groupes ont utilisé comme critère de comparaison la compétence et la chaleur alors que la moralité semble jouer un rôle plus important. Toujours selon Leach, et al. (2007), il suffirait de faire partie d’un groupe dit moral, c’est-à-dire un groupe perçu comme sincère, honnête et dans lequel on peut avoir confiance pour pouvoir être évalué positivement. Roccas, Klar et Liviatan (2004) viennent eux aussi soutenir cette proposition à travers une étude qui a démontré que le fait de faire face à des informations concernant le manque de moralité de l’endogroupe crée une expérience psychologique désagréable. Ainsi, les groupes moraux seraient le mieux perçus dans les évaluations intergroupes (Brambilla & Leach, 2014). Certes, il n’est pas facile de déterminer qui est plus moral que l’autre (et ceux qui n’ont jamais pêché jettent la première pierre), mais au moins le Belge peut arrêter de se sentir inférieur aux Français car ce qui compte est probablement une dimension qui manque aux deux groupes ; en effet, ni les Belges ni les Français sont connus pour être des saints.

Alors, vous connaissez celle du Belge qui se perd dans la jungle et…

Simona Lastrego est assistante au sein du centre de psychologie sociale et interculturelle, où elle poursuit un doctorat sur la mémoire collective.

Références

Brambilla, M., & Leach, C.W. (2014). On the importance of bing moral: the distincitve role of morality in social judgment. Social Cognition, 32 (4), 397-408.

Brambilla, M., Rusconi, P., Sacchi, S., & Cherubini, P. (2011). Looking for honesty: The primary role of morality (vs. sociability and competence) in information gathering. Europen Journal of Social Psychology, 41, 135-143.

Festinger, L. (1954). A theory of social comparison processes. Human Relations, 7, 117-140.
Fiske, S. T., Cuddy, A. J. C., & Glick, P. (2007). Universal dimensions of social cogni- tion: Warmth and competence. Trends in Cognitive Sciences, 11, 77-83.
Leach, C. W., Ellemers, N., & Barreto, M. (2007). Group virtue: The importance of morality (vs. competence and socia- bility) in the positive evaluation of in- groups. Journal of Personality and Social Psychology, 93, 234-249.
Roccas, S., Klar, Y. & Liviatan, I. (2004). Exonerating Cognitions, Group Identification, and Personal Values as Predictors of Collective Guilt among Jewish- Israelis. In N. R. Branscombe & B. Doosje (Eds.), Collective Guilt : International Perspectives (pp. 130-147). Cambridge: Cambridge University Press.
Tajfel, H. and Turner, J.C. (1979). An integrative theory of intergroup conflict. In S. Worchel and W. Austin (Eds), The social psychology of intergroup relations (pp. 33-48). Pacific Grove, CA/ Brooks/Cole.

Tajfel, H. and Turner, J.C. (1986). The social identity theory of intergroup behavior. In S. Worchel and W. Austin (Eds), Psychology of intergroup relations (2nd ed., pp. 7-24). Chicago: Nelson-Hall.

Wojciszke, B., Bazinska, R., & Jaworski, M. (1998). On the dominance of moral categoriesin impression formation. Personality and Social Psychology Bulletin, 24, 1251-1263.




Sunday, December 11, 2016

L’auto-compassion : mécanisme protecteur des conséquences négatives liées à l’objectivation sexuelle



« Ma conscience a pour moi plus de poids que l’opinion de tout le monde. »         
Marcus Tullius Cicero

Objectivation sexuelle
L’objectivation sexuelle, c’est la tendance à considérer ou à traiter une personne comme un objet sexuel, comme un corps à consommer1. Ce phénomène d’objectivation sexuelle ou de sexualisation est présent au quotidien dans les médias (télévision, publicité, magazines, jeux vidéo, etc.). En effet, la société occidentale actuelle impose les normes de beauté en véhiculant des images sexualisées, idéalisées et stéréotypées de femmes et des hommes qui ne sont pas sans conséquence pour le grand public. L’impossibilité pour une personne de ressembler ou de s’identifier à une construction inatteignable ou à un modèle parfait peut avoir pour elle des conséquences négatives2. Actuellement, les recherches démontrent que les femmes sont davantage concernées par ce phénomène, qui pousse certaines d’entre-elles à accorder une importance extrême à leur apparence et plus particulièrement à leur poids (idéal de minceur). Du côté des hommes, on constate plutôt une focalisation sur l’épaisseur de leurs muscles (idéal de musculature)3.

Source : Flickr
Dans un article consacré à la théorie de l’objectivation, nous avons détaillé les conséquences négatives liées à l’internalisation des standards de beauté chez les hommes et les femmes. Spécifiquement, nous avons mis en évidence que certaines personnes peuvent être amenées à intérioriser le regard d’autrui sur elles-mêmes. En d’autres termes, les hommes et les femmes peuvent adopter le point de vue d’un observateur sur leur propre corps et considérer ce dernier comme un objet qui peut être regardé, évalué, jugé ou désiré par les autres. Cette focalisation sur son apparence peut engendrer des conséquences négatives comme une baisse de l’estime de soi, du stress, de l’anxiété, de la dépression ou encore de la honte corporelle4.

Comment se protéger des conséquences négatives liées à l’objectivation sexuelle ?

Auto-compassion
Récemment, des chercheurs se sont intéressés aux liens entre l’auto-compassion (avoir de la compassion pour soi-même) et l’image corporelle. Curieusement, les trois composantes de l’auto-compassion, à savoir la bienveillance envers soi-même, la reconnaissance de son humanité et la pleine conscience, influencent positivement la relation entre l’image du corps et l’estime de soi5. Par exemple, la bienveillance envers soi-même, opposée à l’autocritique, joue un rôle dans la manière dont les individus perçoivent leur propre corps en adoptant un point de vue moins critique sur leur apparence. Deuxièmement, la reconnaissance de son humanité induit l’idée que l’erreur est humaine et que personne n’est parfait. De fait, cette reconnaissance peut permettre aux individus de rationaliser leurs imperfections et de ne pas se sentir isolés face à leurs expériences négatives. Enfin, la pleine conscience va permettre aux personnes de mettre en évidence leurs émotions négatives afin de pouvoir les nommer, mais surtout d’aider ces dernières à les accepter.

De plus, les recherches démontrent les nombreuses conséquences positives de l’auto-compassion. Plus spécifiquement, l’auto-compassion est associée positivement et significativement avec une bonne santé mentale (e.g., bonheur, optimisme, émotion positive, ouverture d’esprit, initiative personnelle) et a un impact positif sur le stress, la dépression et l’anxiété sociale678

Source : Flickr

L’auto-compassion protège-t-elle réellement des conséquences négatives liées à l'objectivation sexuelle ?

Récemment, Albertson, Neff, et Dill-Shackleford (2014) ont souhaité tester directement les effets de l’auto-compassion sur l’image du corps chez les femmes grâce à des séances de méditation et de pleine conscience9. Pour ce faire, l’équipe de chercheurs a recruté via internet (e.g., LinkedIn, Twitter, Facebook et d’autres sites liés à la perte de poids) 228 femmes âgées de 18 à 60 ans qui affirmaient être concernées par leur image corporelle. La grande majorité des participantes était caucasienne et vivait aux Etats-Unis (95 %). Ensuite, les chercheurs ont divisé leurs participantes en deux groupes égaux. Le premier comportait des femmes qui allaient entamer un travail de pleine conscience pendant trois semaines. Le second comportait des participantes qui n’avaient rien de particulier à faire pendant ces trois semaines (groupe contrôle). Spécifiquement, les participantes dans la condition d’auto-compassion devaient écouter des enregistrements audio de méditation guidée d’une vingtaine de minutes chaque jour pendant 21 jours. La première semaine, les exercices consistaient à amener l’auditrice à prendre conscience des états internes et externes de son propre corps de manière bienveillante et sans jugement. Lors de la deuxième semaine, les participantes étaient amenées au travers des séances de pleine conscience à scanner leur corps, leurs sensations et émotions tout en contrôlant leur respiration via toute une série d’exercices (e.g., prendre une grande respiration pour laisser aller toutes les tensions, apprécier chaque bouffée d’air que l’on offre à son propre corps). Durant la troisième et dernière semaine, les participantes étaient amenées à adopter une perspective bienveillante sur leurs expériences de souffrances. Avant les trois semaines et après, les participantes des deux groupes ont complété des échelles mesurant l’auto-compassion, l’appréciation du corps, la honte corporelle et la dépréciation du corps. Au terme de l’expérience, les chercheurs mettent en évidence que l’écoute de podcasts de méditation guidée a un impact positif sur l’auto-compassion ainsi que sur la manière dont les femmes perçoivent leur propre corps. Spécifiquement, la pratique de méditation a joué un rôle bénéfique sur les dimensions sous-jacentes de l’auto-compassion, à savoir la bienveillance envers soi-même, l’auto-jugement, la reconnaissance de son humanité, l’isolation, la pleine conscience et sur l’identification ainsi que sur les dimensions liées à l’image du corps, comme une réduction du sentiment de honte corporelle ou d’insatisfaction par rapport à leur propre corps.

Source : Flickr

Par la suite, la littérature a renforcé ces découvertes en démontrant que les individus qui possèdent un haut niveau d’auto-compassion s’engagent moins dans des processus d’auto-surveillance de leur corps, ressentent moins de honte corporelle et sont moins concernés par les troubles alimentaires en comparaison avec les individus ayant un faible niveau d’auto-compassion10.

En guise de conclusion, on peut dire que les recherches récentes dans le domaine de l’auto-compassion montrent ses nombreuses conséquences positives sur la santé mentale. Plus particulièrement, l’auto-compassion permet d’adopter un point de vue différent et davantage bienveillant sur la manière dont les individus perçoivent leur propre corps. De fait, la littérature actuelle démontre le rôle protecteur que peut avoir l’auto-compassion face aux conséquences négatives de l’objectivation sexuelle. Dès lors, la pratique régulière (e.g., médiation, pleine consciente, yoga) semble être une piste prometteuse pour favoriser une meilleure acceptation de son corps chez les hommes et les femmes afin de moins ressentir les pressions exercées par la société actuelle.

Rédigé par Robin Wollast, doctorant au sein du centre de recherche en psychologie sociale et interculturelle.

Références

1.      Bartky, S. L. (1990). Femininity and domination: Studies in the phenomenology of oppression. New York, NY: Routledge.

2.      Fredrickson, B. L., & Roberts, T.-A. (1997). Objectification theory: Toward understanding women’s lived experiences and mental health risks. Psychology of Women Quarterly, 21, 173–206. doi:10.1111/j.1471-6402.1997.tb00108.x

3.      Leit, R. A., Pope, H. G., & Gray, J. J. (2001). Cultural expectations of muscularity in men: The evolution of Playgirl centerfolds. International Journal of Eating Disorders, 29(1), 90-93. doi:10.1002/1098-108X(200101)29:1\90:AID-EAT15[3.0.CO;2-F.

4.      Fredrickson, B. L., Roberts, T.-A., Noll, S. M., Quinn, D. M., & Twenge, J. M. (1998). “That swimsuit becomes you: Sex differences in self-objectification, restrained eating, and math performance”: Journal of Personality and Social Psychology, 75(5). doi:10.1037/h0090332

5.      Neff, K. D. (2003). The Development and Validation of a Scale to Measure Self-Compassion. Self and Identity, 2(3), 223–250. doi:10.1080/15298860309027

6.      Neff, K. D., & McGehee, P. (2010). Self-compassion and Psychological Resilience Among Adolescents and Young Adults. Self and Identity, 9(3), 225–240. doi:10.1080/15298860902979307

7.      Olson, K., Kemper, K. J., & Mahan, J. D. (2015). What Factors Promote Resilience and Protect Against Burnout in First-Year Pediatric and Medicine-Pediatric Residents? Journal of Evidence-Based Complementary & Alternative Medicine, 20(3), 192–198. doi:10.1177/2156587214568894

8.      Gilbert, P., & Procter, S. (2006). Compassionate mind training for people with high shame and self-criticism: overview and pilot study of a group therapy approach. Clinical Psychology & Psychotherapy, 13(6), 353–379. doi:10.1002/cpp.507

9.      Albertson, E. R., Neff, K. D., & Dill-Shackleford, K. E. (2014). Self-Compassion and Body Dissatisfaction in Women: A Randomized Controlled Trial of a Brief Meditation Intervention. Mindfulness, 6(3), 444–454. doi:10.1007/s12671-014-0277-3

10.  Liss, M., & Erchull, M. J. (2015). Not hating what you see: Self-compassion may protect against negative mental health variables connected to self-objectification in college women. Body Image, 14, 5–12. doi:10.1016/j.bodyim.2015.02.006

Friday, December 9, 2016

Advancements in food technology: Would you be willing to eat your own poop or 3D printed insects?


Technology is advancing, from cryonics to self-conscious robots. Even the food sector cannot escape. In the wake of prophesized doom scenarios of future food shortages, scientists, artists and chefs are exploring alternative means of producing sustainable and healthy foods. But would you substitute your strawberry daiquiri for a, literally, bloody Mary?

The Nordic Food Lab's ceviche recipe made with bee larvae (The Nordic Food Lab)

Tuesday, November 29, 2016

Les manuels d'Histoire et la représentation de l'autre : un impact sociétal

Wikipedia Commons

 « Notre volonté, c’est qu’au terme de ses études, chaque étudiant du secondaire ait au minimum été confronté à l’histoire de la colonisation et de la décolonisation au Congo. Mais aussi à celle d’un autre pays ’à la carte’, en fonction du public scolaire. »


Wednesday, November 9, 2016

Getting the balance right


“Pick me!” “No, pick me!” – When walking through a supermarket, all the products seem to be fighting for your attention, and not a marketing trick is left unused in order to try and get you to buy the product. Oftentimes, these marketing strategies are applied to rather unhealthy (ultra-) transformed products, rather than for healthy foods. And then there's also all the information (especially online) about fad diets, and superfoods. So what should we choose, and what is healthy or not?

Thursday, November 3, 2016

Looking back, predicting the future

Real-estate agents try to profit from the controversial candidates. 
Image source: fox13now.com


The morning after the Brexit vote in June, I woke up and went online to see the results. I wasn’t really worried and frankly looking forward to getting this over with. For me, it was a question of common sense that our fellow Europeans should vote “remain”. Unless you live without any access to modern or traditional media (in which case you would not be reading this) you know that I was wrong.

Sunday, October 16, 2016

La promotion Henri Tajfel

Ci-dessous, le texte que j'ai prononcé à l'intention des diplômés de la faculté des sciences psychologiques et de l'éducation de l'ULB 2015-2016. Leur promotion porte le nom du grand psychologue social Henri Tajfel, ancien de notre faculté. 


Olivier Klein




Wednesday, July 20, 2016

The Meat Paradox: How can people love animals, and yet eat them?


Joy (2010)

How can people care about animals, and yet eat them? This is the meat paradox.

The meat paradox
From time immemorial, humans have exploited environmental and natural resources, including animals. To be specific, animals are used as food (intensive and factory farming, battery reared-chickens, industrial fishing, dairy industry—to name just a few instances); clothes (fur, leather, wool, feather, cashmere, ivory, silk, angora, etc.), science (animal experimentation, cosmetics testing, biology lessons, medical training…), company (pets, guides or assistance dogs, animal guards and so on), entertainment (circuses, zoos, rodeos, cockfighting, dogfighting, hunting and others), traditions (Corrida, Yulin dog meat festival, Grindadràp, Toro de la Vega tournament, Kots Kaal Pato, Gadhimai festival, the list goes on) and means of transport (working or draft animals, pack and harness animals, logging elephants, dogcarts and so on).

According to ADAPTT (2016), the number of animals killed worldwide for the food industry reaches 150 billion each year. The animal rights organization PETA (2016) reported more than a billion animals killed for the leather industry and approximately 100 million in vivisection laboratories in just the U.S.
Flickr – Equality (2005)

Interestingly, we observe a banalization of this massive exploitation: The average Belgian eats around 86 kg of meat a year (WRI, 2016) and Europe imports 33,000 tonnes of heavy leather obtained from bovine animals per year (FAO, 2014). These routines suggest that we live in a culture that does not value animals’ lives, ignores their suffering, and denies them moral standing (Bratanova, Loughnan & Bastian, 2011). However, according to the American Pet Association, ownership of pets around the world, and especially in the U.S., is increasing (APPA, 2016). How can society consider animals part of people’s families and yet tolerate their instrumentalization, deindividualization, dichotomization and objectification by eating, wearing or using them (Joy, 2010)? This is a paradox.

How do we manage the meat paradox?
The state of ambivalence emerging from the contradiction that people enjoy eating meat but do not like eating minds generates cognitive dissonance, which motivates individuals to resolve an unpleasant emotional state in which a belief and an action are in conflict (Festinger, 1957; Harmon-Jones & Harmon-Jones, 2007; Loughnan et al., 2011). In other words, how can people deal with a contradiction between a moral belief (e.g., I should not hurt animals) and a specific form of behaviour (e.g., I eat meat, I wear leather) (Bratanova et al., 2011).

One way to resolve this state of ambivalence is to stop the consumption of animal meat. Indeed, vegetarians and vegans do not experience discomfort with respect to the relationship between their consumption and the animal rights (Allen et al., 2000). However, the vast majority of people do not change their behaviour and keep eating meat. A way for them to reduce this dissonance is to modify their perception of eating animals, especially by denying that animals suffer and diminishing the moral rights of animals (Loughnan et al., 2011). Specifically, researchers asked their participants to eat beef jerky or cashew-nuts, and then indicate their moral concerns about animals (‘rate the extent to which you think a cow possesses the ability to experience these psychological states: perception, wishes, thoughts and intentions.’). As expected, participants who ate beef jerky attributed fewer abilities to the cow compared to the participants who ate cashew-nuts. Thus, they concluded that eating meat leads people to withdraw moral concern from animals (Loughnan et al., 2010). In the same vein, scholars have demonstrated that omnivores (but not vegetarians) offer evidence of a clear distinction between meat and non-meat animals by denying non-meat animals emotions and excluding their moral concern (Bilewicz et al., 2011). To summarize, withdrawing moral concern from animals can play a role in the way in which people perceive animals and motivate them to resolve the meat paradox (Loughnan et al., 2011).

Speciesism-Kuczynski (2012)

In conclusion, the animal meat industry slaughters a huge amount of animals each day (Monson, 2010), and the production and consumption of meat entail numerous negative consequences for our environment and our health (IARC [2015], the cancer agency of the World Health Organization, based on 800 studies on red meat and transformed meat). However, even if people assert that they love and respect animals, they keep on eating meat and instrumentalizing them. This paradox generates cognitive dissonance that can be resolved in many different ways: for example, by ceasing meat consumption like vegetarians. For omnivores, they tend to minimize the moral rights of animals in order to feel less guilty while eating them (Loughnan et al., 2010). Additionally, lobbyists from the meat industry might also play an important role in the meat paradox by spreading false information to encourage people to consume more meat or discourage them from adopting alternatives (e.g., ‘There is no science linking red meat to cancer, stroke and heart attacks,’ ‘Red meat warnings violate consumer rights,’ ‘Real men eat meat,’ ‘Millions of Americans can’t be wrong,’) and also exert pressure on and bankroll institutions, organizations, environmental groups, scholars, etc., in order to ensure that their business flourishes (Andersen & Kuhn, 2014).


Vegan Sidekick (2016)

Finally, as we saw, this disconnect (e.g., between what we have on our plate and the animal killed) leads directly to negative impacts on health, environment and animal welfare. However, while I was writing this article, I was really surprised about how people did not know about the consequences that their daily habits generate (e.g., that their shoes came from pig skin or that the cosmetics they use had been tested on rabbits or monkeys). This ignorance inspired me to offer an alternative point of view on the animal industry, not to convince them to change, but to act freely while being aware of the consequences of their consumption.

And you, how do you manage the meat paradox?

Suggestions:

1.      Documentaries:
Earthlings: Hidden cameras are used to record what the animal industry does not want us to see.
‘Cowspiracy’—The Sustainability Secret: Destructive consequences of the animal meat industry for the planet. 

2.      Book:
Joy, M. (2010). Why we love dogs, eat pigs, and wear cows: an introduction to carnism. San Francisco, CA: Conari Press.

3.      Scientific literature on the meat paradox:
Loughnan, S., Bratanova, B., & Puvia, E. (2011). The meat paradox: How are we able to love animals and love eating animals? In-Mind Italia, 1, 15–18.


References:

ADAPTT (2016). Animals deserve absolute protection today and tomorrow. Retrieved 7.7.2016, from http://www.adaptt.org/

Allen, M. W., Wilson, M., Ng, S. H., & Dunne, M. (2000). Values and Beliefs of Vegetarians and Omnivores. The Journal of Social Psychology, 140(4), 405–422. doi:10.1080/00224540009600481

Andersen, K., & Kuhn, K. (2014). Cowspiracy: The Sustainability Secret. In AUM Films & first spark media.

APPA (2016). U.S. pet ownership statistics—American Pet Products Association. Retrieved 7.7.2016, from http://www.americanpetproducts.org/.

Bilewicz, M., Imhoff, R., & Drogosz, M. (2011). The humanity of what we eat: Conceptions of human uniqueness among vegetarians and omnivores. Eur. J. Soc. Psychol., 41(2), 201–209. doi:10.1002/ejsp.766

Bratanova, B., Loughnan, S., & Bastian, B. (2011). The effect of categorization as food on the perceived moral standing of animals. Appetite, 57(1), 193–196. doi:10.1016/j.appet.2011.04.020

FAO (2014). Imports of heavy leather from bovine animals—Food and Agriculture Organization of the United Nations. Retrieved 7.7.2016, from http://www.fao.org/3/a-i4651e.pdf

Festinger, L. (1957). A theory of cognitive dissonance. Stanford, CA: Stanford University Press

Harmon-Jones, E., & Mills, J. (1999). Cognitive dissonance: Progress on a pivotal theory in social psychology. Washington, DC: American Psychological Association

IARC (2015). International Agency for Research on Cancer. Volume 114: Consumption of red meat and processed meat. IARC Working Group. Lyon

Joy, M. (2010). Why we love dogs, eat pigs, and wear cows: an introduction to carnism. San Francisco, CA: Conari Press.

Loughnan, S., Bratanova, B., & Puvia, E. (2011). The meat paradox: How are we able to love animals and love eating animals? In-Mind Italia, 1, 15–18.

Loughnan, S., Haslam, N., & Bastian, B. (2010). The role of meat consumption in the denial of moral status and mind to meat animals. Appetite, 55(1), 156–159. doi:10.1016/j.appet.2010.05.043

PETA (2016). People for Ethical Treatment of Animals. Retrieved 7.7.2016, from http://www.peta.org/

Monson, S. (2010). Earthlings [Documentary]. Nation Earth Media, Burbank, California.

WRI (2010). Per capita meat consumption by nation—World Resources Institute. Retrieved 7.7.2016,